Nuit blanche
Lui, allongée sur le dos, les yeux brillants dans la pénombre des persiennes. Ils avaient fait l'amour, deux fois. Parfait accord des corps tendus à la recherche de l'extrême, sueurs mêlées, halètements rauques. Pas un mot. Exactement ce qu'il aimait, d'ailleurs il ne revoyait jamais une fille qui criait son plaisir à tous les voisins, ni ni celle qui l'étourdissait de mots crûs ou dégoulinants de romantisme...
Elle dormait à côté de lui, la peau encore humide de leur rencontre, allongée dans une position qui ne se voulait pas sensuelle mais confortable. Il avait remarqué qu'elle était plus âgée qu'elle n'en avait l'air quelques heures plus tôt, et c'est peut-être pour cela qu'elle avait vraiment pris du plaisir, parce qu'elle voulait prendre au moins ça si elle ne pouvait pas avoir l'homme en entier. Les filles plus jeunes espéraient toutes beaucoup plus qu'une simple étreinte bestiale et salvatrice, pour jouir il leur fallait l'espoir d'un lendemain et de longues années passées auprès d'un prince charmant. Elles cherchaient à plaire et à être parfaites en tous points pour ferrer l'homme et l'amener à la vie commune. Sacré raccourci à première vue, mais il en arrivait toujours là s'il les revoyait : il leur fallait un petit-déjeuner, un dîner, une soirée, un week-end, n'importe quoi pour qu'elles parviennent à ce qu'il remplisse leur vie.
C'est pourquoi d'habitude il aurait apprécié le détachement de cette femme, il aurait même eu envie de revenir, une nuit ou deux... Qui sait ? Mais il était allongé à côté d'elle, la petite chambre résonnait encore de leur accouplement - elle aurait sûrement dit "union" - et lui, les yeux grand ouverts, n'arrivait pas à dormir et pensait à une autre femme, une femme qu'il avait rencontrée ce même soir.